Oui, c’est une drôle de question. La réponse la plus simple serait : parce que j’en ai envie, et
mes élèves aussi.
Mais développons un peu la problématique du spectacle amateur. Pour nos ateliers débutants, les choses sont simples. Nous proposons un programme de saynètes plus ou moins courtes. Issues du répertoire théâtral, et aussi quelques créations. Mais la pièce «complète », c’est l’affaire du cours expérimenté du mardi soir.

Si, plutôt qu’une création, nous devions monter une pièce du répertoire pour le groupe expérimenté, nous aurions le choix entre deux options.
La première, la plus simple : aller vers des pièces qui restent structurées en saynètes. On en trouve pléthore chez Pommerat, Ribes, etc. Des saynètes proposées aux débutants, on garderait la souplesse suffisante pour un groupe de 12 élèves, avec des rôles intéressants pour chacun. Et on gagnerait une thématique et une écriture cohérentes, plus proches de l’idée qu’on se fait d’une « vraie pièce ». Mais, au final, ça ne permettrait toujours pas de traverser le parcours d’un personnage durant 1h30.
La seconde, c’est le tripatouillage : prendre une pièce complète, couper ici et là, doubler les comédiens pour tel rôle, changer le genre de tel ou tel personnage pour que ça colle au groupe (et pas par choix artistique, donc)… On force les limites de l’adaptation, par compromis plutôt que par choix.

Bref, depuis 2016, nous avons plutôt pris le parti de proposer uniquement des créations. A titre personnel, cette écriture s’inscrit dans un processus que j’ai initié dès 2004 avec mes premiers textes, écrits pour la compagnie L’Héautontimorouménos. Déjà, à l’époque, il s’agissait d’imaginer des rôles pour des comédiens précis, avec leur voix en tête. Eux étaient professionnels. Mais après tout, il est assez logique de prolonger ce travail avec les amateurs de l’Atelier Saint-Charles : quitte à passer une année ensemble, autant en profiter pour créer quelque chose d’inédit !
Jean-François Mariotti
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